Née en 1967 avec une hémiplégie gauche, j’ai dû m’adapter et faire preuve dès le départ de créativité. Non décelé au départ, c’est assez tard que j’entame 10 ans de rééducation. Est-ce pour ces raisons que mon apprentissage scolaire fut complexe, semé de nombreux échecs ? sans doute mais pas seulement.
Très vite je me tourne vers l’expression créatrice. Les arts me touchent. Toutes les danses, les art-plastiques, la photo…mes idoles d’adolescente sont Charlie Chaplin avec Charlot, Patrick Dupont et le mime Marceau. La musique classique me connecte à l’univers, à ce qui est plus grands que nous.
Les arts, l’expression artistique, créatrice, esthétique sont des lieux ressources. Espace de réussite qui contrebalance avec mes échecs scolaires. Ma scolarité est une succession de maillage positive dans la rencontre humaine et relationnelle et une succession de difficultés. Redoublement en CP, 6 ème et 3 ème. En 3 ème, j’ai 18 ans, ce qui pour beaucoup de monde ne laisse pas présager la tournure de la suite de mon orientation.
Pour autant, je ne me dégonfle pas, soutenue par mes parents, je commence donc mon ascension par un BEP sanitaire et social. J’y trouve mes marques, des valeurs humaines, pédagogiques qui me permettront de dépasser mes difficultés et d’exceller dans les domaines professionnels. Ma rencontre avec la professeure d’art-plastique questionne mon orientation vers un BEP sanitaire et social plutôt qu’un cursus artistique. Elle voyait en moi, un potentiel artistique et créatif !!! Mes points forts sont la relation humaine, mes capacités d’adaptations, ma force créatrice et ma joie de vivre. Jamais en manque d’idées pour faire face aux situations et innover, proposer, imaginer.
A l’issu de cette formation, je passe un concours de moniteur éducateur que je réussie brillamment, puisque c’est la première fois que l’IRTS (Institut Régionale des Travailleurs Sociaux) de Talence prend quelqu’un d’aussi jeune et inexpérimenté.
A l’issu de ses deux années de formation, j’ai 22 ans. Je quitte le nid familial pour aller vivre 11 ans à l’île de la Réunion. Ces 11 années furent une excellente école de la vie, au niveau relationnel et écoute. Jeune adulte, il m’a fallu faire l’expérience de l’étrangeté, d’être une étrangère. J’étais émigrée en France, pas la même culture, pas les mêmes valeurs, barrière de la langue, une histoire lourde pour les créoles avec les «zoreils». J’ai appris leur culture, je me suis immergée pour tout doucement, non sans difficultés quelque fois, pour réussir à être adoptée et devenir la "zoréole".
Ma créativité à cette époque je la mets au service des jeunes et de l’institution dans laquelle je suis. Projets: spectacle de danse, théâtre sur la thématique de Cousteau avec les générations futur, spectacle et vernissage sur les droits des enfants, … Je continue mon ascension. En même temps que je deviens maman, je reprends le chemin des études et deviens éducatrice-spécialisée.
11 ans à l’île de la réunion, où je m’engage aussi à sida solidarité, association loi 1901 reconnue d’utilité publique de lutte contre l’exclusion des personnes atteintes du sida. Mon mémoire portera sur ce nouveaux public : «Deuil d’une mort annoncée» où la question du thérapeutique commence à émerger.
2000, je rentre en France métropolitaine sur Bordeaux dans un service d’accompagnement et de suivi d’enfants et d’adolescents placés en famille d’accueil sous protection judiciaire, pour terminer mon parcours d’éducatrice spécialisée en ITEP. (institut thérapeutique éducatif et pédagogique)
J’ai donc travaillé pendant 25 ans auprès de publics différents :
J’ai complété ma formation initiale par celle de tuteur référent (formation de formatrice en site qualifiant) avant de m’orienter vers le métier de sophrologue et d’art-thérapeute.
Ces dernières années en tant qu’éducatrice ont successivement mis à jour mon désir d’aller plus loin dans ma démarche, en développant encore plus ma capacité à mettre en œuvre un accompagnement facilitateur à la relation dans un objectif thérapeutique.
La rencontre et le travail avec une art-thérapeute amorce cette nouvelle perspective d’exercer. Dans ce voyage professionnel, je découvre que ma pratique, ma sensibilité artistique devient de plus en plus une alliée, me permettant d’ancrer des relations, de rendre plus accessible certaines rencontres et surtout, est force d’apaisement. Dans ce processus de transformation, d’envie de travailler autrement, de regarder et d’appréhender mon travail sous un autre angle, il m’apparaît logique de faire naître l’art-thérapeute en moi. Je réunis grâce à cette profession mes deux compétences et centres d’intérêts: La création et l’intérêt pour l’humain.
Actuellement je développe mon activité au sein d’une coopérative d’activité et d’emploi cae29 Chrysalide en tant qu’entrepreneure-salariée-associée comme formatrice, art-thérapeute et sophrologue.